mercredi 12 mars 2008

F.H et le ballon carré

La pétanque a ses boules; le tennis a sa balle jaune; l'enfant a ses billes; le rugby a son ballon ovale; le foot son ballon rond et l'art, lui, son ballon carré ou plutôt -symbole même de l'art moderne- son cube. Celui de F.H. est tout çà à la fois: c'est de l'art; il est soigneusement exécuté ce ballon, dans du veau assemblé et cousu avec amour, il s'expose en vitrine (je l'ai vu au CRAC à Sète ) comme une relique religieuse qu'il est! Le foot n'est-il pas une religion? Qu'il soit carré, c'est encore plus le foot, dans la mesure où il fait penser immédiatement à ce que l'on perdrait si le rond n'existait plus! Celui de F.H. ne se joue pas au pied car il est fait pour jouer tout seul sa partie: contre les ouligans 1à 0, contre les petits bougeois 1à 0, contre le mythe 1 à 0. En effet, si les top-models rêvent d'épouser un footballeur milliardaire, que feraient-elles d'un joueur artiste qui court, sans arrêt, aux quatres coins de la culture, qui perd ses objets (les pofs) au fur et à mesure, et vous glisse dans les mains comme un savon, son totem. Ce savon qui d'ailleurs est le double de F.H. est aussi le plus grand du monde! (Dali n'avait-il pas fait la baguette de pain la plus grande du monde?). Mr Propre lave plus blanc la pensée et décrasse notre culture de musée et de patrimoine (foot compris, tv comprise, people compris). Tout est à reconstruire. De tous temps, c'est ce que chaque vrai artiste à essayé de faire. Au risque de passer pour un ringard, lèche-bottes peut-être, je chante avec le choeur: F.H. doit être un vrai artiste! C'est l'enfant que M .Duchamp a eu avec J. Beuys! Il peut devenir grand! Mais, c'est le trublion de la classe, et, là où Duchamp avait compris l'importance du "paternalisme" de l'ingénieur-sciences et technologies- F.H., enfant de la socièté du spectacle, fout la merde! Mais, dans l'instant, dans l'éphémère. Seule la tour Eiffel durera dans le temps pour le meilleur et pour le pire! Cela risque de lasser l'intelligentsia.............

lundi 10 mars 2008

suite de Suzanne

Comme le prophète Daniel qui la sauva de l'accusation d'adultère, nous aurions, nous aussi, comme le dit Georges Brassens, "été derrière". La technique d'une incroyable richesse (j'ai vu ce tableau au Musée des Beaux Arts de Vienne) est celle du métier de son temps, à laquelle s'ajoute un savoir supérieur à celui de Michel-Ange ou Boticelli mais qui égal e celle du Titien et de Véronèse avec qui il forme la trilogie royale de cette époque. Venise, c'est lui! C'est cette république qui n'obéit pas aveuglément à Rome et met des femmes entiérement nues dans les églises: Tintoret, l'homme révolté devant les injustices, fait sa justice tout seul. Le pinceau est une épée!

suzanne

Le Tintoret semble être bien loin des Ming et Desgrandchamps, pourtant si proche par le sujet qui, quoique biblique - une femme nue matée par deux vieillards lubriques et impuissants qui, faute de consommation, l'accusent d'adultère - est un sujet moderne. Le viol et le viagra ne sont pas loin. Une Olympia se lavant le cul, c'est pas mal! Le tableau était dans une église (bible oblige). Je ne sais si il fit scandale comme le tableau de Manet, mais celui de Marcel Duchamp (beaucoup de Champ dans la peinture): La Mariée mise à nu par les célibataires, 1912, avait quelque peu interrogé les spectateurs en son temps. Ils eurent la réponse à l'énigme avec cette oeuvre trés ambigüe: Etant donnés: 1. La Chute d'Eau, 2. Le Gaz d'Eclairage,.etc...Duchamp installa, pour un temps que nous n'avons pas épuisé, le scandale comme élément, et même comme la définition de toute oeuvre d'art digne de ce nom. On sait ce que cela a donné.
En ce qui concerne le pinceau du Tintoret, il est ce que Ming aurait aimé être: un libérateur d'orages et de tempêtes picturales. Pour nous "modernes", qu'y a-t-il de plus beau que le baroque déshabillé du Tintoret, comme l'est Suzanne se mouvant dans un décor paradisiaque?

mercredi 5 mars 2008

une fleur de vache

Marc Desgranchamps, peintre connu , il y a quelques temps, pour ses "fins de soirées où le crépuscuscule semblait se noyer en lui-même et nous inonder d'une peinture devenue liquide"; notre perception devait s'y noyer dans un malaise plus ou moins agréable. Les effigies, peinture citée en ref. plus haut, sont une affirmation d'un ordre tout autre. Qu'est-ce qu'une effigie? Ce n'est pas une allégorie donc pas une métaphore; c'est la représentation en monnaie, médaille, médaillon, vignette ou timbre etc...d'un personnage célèbre ou non, devenant par le fait de la multiplication (monnaie à l'effigie des César par ex.) universel et éternel. Dans celles qui nous intéressent, la tête de vache sur son cou d'arbre qui a l'air de pousser, est la représentation, semble-t-il , d'un animal des grandes plaines américaines, sauvage à l'origine, puis domestiqué! Et tout çà pousse sur fond de paysage à la Max Ernst dont l'esprit est à l'évidence la sève de cette peinture. Surréaliste donc? Oui mais minimaliste. Il n'en rajoute pas: une vache te regarde; c'est la mère du monde. C'est comme çà que je le vois personnellement. Sur le plan technique, elle est héritée des surréalistes et des illustrateurs anglo-saxons; si la technique est l'histoire, c'est donc une peinture anachronique qui connait un grand succès basé sur un malendendu tardif. Mais c'est de la peinture!! Illustrative soit, mais faite avec des toiles , des pigments et des pinceaux. C'est le seul point commun qu'il y a avec Ming et Le Tintoret!

lundi 3 mars 2008

bruce lee

Yan Pei-Ming est l'artiste chinois le plus occidental qu'il soit! En effet, quand les gens de la figuration narrative font beaucoup d'efforts (ou faisaient) pour copier le style et la technique du réalisme socialiste, Ming, lui, par une technique héritée des peintres décos européens -un seul pinceau pour tout exécuter: le spalter de 20 cm! - et de la gestuelle américaine, Ming, lui, peint des maos comme Warhol peint des marylins et des vedettes de Hong Kong, exactement dans le même but; il fait aussi des portraits occidentaux qui n'interesse personne! Son intrusion dans le paysage monumental, pourtant en noir et blanc!!, prouve à l'évidence que Ming n'est surtout pas l'héritier des peintres chinois Song ou Yuan! Ming est donc un peintre du spectacle et du spectaculaire (voir le salon des peintres du spectacle, qui n'est pas considéré comme un fait culturel!) En tant que tel, c'est donc à du cinéma qu'il nous convie .Jusqu'à la mise en scène de la tronche de Villepin, monumentale, comme si on devait la voir du fond de la place du peuple à Pékin! Sauf que, dans une foire de marchands (au grand palais à Paris) le recul du peuple n'est que celui opéré par le marché!